Épuisement des ressources, dégradation de l’environnement, paupérisation des agriculteurs, gaspillage, malbouffe, etc. Notre système alimentaire a besoin de voir les choses différemment. Face à ces dysfonctionnements et aux nouvelles injonctions des consommateurs, des changements s’imposent. Et les enjeux de cette transition alimentaire sont nombreux et multiformes.
Aujourd’hui mondialisée, l’agro-industrie a surtout reposé sur la course à la productivité et aux prix bas. Aussi, le principal défi des transitions alimentaires est comment produire de la nourriture en quantité suffisante, de bonne qualité nutritionnelle et de manière durable.
On peut même parler, selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) de survie de l’homme. En effet, d’un côté, près de 800 millions de personnes souffrent de la faim, notamment en Asie et en Afrique subsaharienne. Et de l’autre, les pays développés et en développement consomment trop de sucre, de gras, de sel et d’ingrédients chimiques, sources de nombreuses maladies chroniques.
Mais il y a aussi toute une profession en péril, en particulier en France. Les agriculteurs doivent produire toujours plus à des prix plus bas, pour approvisionner les marchés. Ils sont obligés de faire des investissements importants et ils sont nombreux à voir leurs revenus baisser (en France, on estime à près de 20% d’entre eux qui vivent sous le seuil de pauvreté). Et, la multiplication des intermédiaires ne fait rien pour arranger les choses. Le processus d’intensification agro-industrielle semble donc se trouver dans une impasse et il est essentiel de trouver de nouvelles voies.
De plus, si l’intensification de l’agriculture a permis de multiplier les rendements par trois en un siècle, tout en diminuant le coût de l’alimentation, l’excès d’intrants chimiques a épuisé les sols. De même que l’irrigation à outrance a appauvri les réserves en eau douce, l’empreinte carbone du transport des denrées sur des milliers de kilomètres est préoccupante ou les dégâts environnementaux de l’élevage intensifs sont nombreux. Enfin, la baisse significative de la biodiversité liée à la déforestation et aux monocultures est devenue alarmante.
On dit aujourd’hui que le secteur agricole est responsable de près d’un quart des gaz à effet de serre et contribue de manière significative aux épisodes de sécheresse ou d’inondation. La question environnementale est donc devenue primordiale, à condition de la conjuguer aux autres enjeux, tout aussi inévitables.
Entre la puissance d’internet, les actions des associations, les émissions culinaires ou les scandales alimentaires, les consommateurs sont de plus en plus nombreux à vouloir agir. Ils prennent conscience des dérives et veulent être mieux informés de la composition, de la provenance, de la qualité ou des conditions de production des aliments. Et, sur cette question, la transition alimentaire est un mouvement qui tend à s’accélérer depuis quelques années.
Les nouvelles tendances sont déjà là : consommer bio, vegan, en vrac ou local est désormais bien présent. De plus, s’approvisionner de façon plus responsable est devenu aussi plus facile (marchés, drives fermiers, AMAP, etc.). Et les nouveaux labels ou étiquetages nutritionnels (Nutri-Score, Yuka etc.) sont là pour les aider dans leurs choix.
Ils sont aussi soutenus par les politiques qui ne peuvent rester insensibles aux enjeux de la transition alimentaire. Entre la stratégie européenne « De la ferme à la table » (lancée en 2020) et la loi EGalim en France qui impose à la restauration collective d’intégrer 50% d’ingrédients durables, dont 20% de produits bio, dans les repas, les initiatives sont nombreuses. Sans oublier la Région Bretagne qui a clairement inscrit la transition alimentaire dans sa stratégie de recherche et d’innovation 2021-2027.
Mais la transition alimentaire n’est pas encore entrée dans les mœurs, ni dans toutes les strates de la population. L’écart est encore très grand entre la théorie et la pratique au quotidien.
Il y a tout d’abord l’argent qui reste une donnée très importante, encore plus en ces temps d’inflation. Le prix est toujours le premier frein à l’achat responsable et les agriculteurs, déjà financièrement fragilisés, ont rarement les moyens d’investir dans l’agroécologie. Sans oublier que les distributeurs continuent à utiliser cette variable pour jouer la concurrence. Or, il apparaît clair que, pour créer de la valeur dans l’alimentation, il faudra que tout le monde accepte de payer plus cher.
De plus, au-delà de cette donnée, consommer autrement demande aussi de gros changements d’habitudes et de comportements chez tout le monde (consommateurs, industriels, agriculteurs, etc.). Les pratiques alimentaires font partie de notre culture et elles évoluent très lentement. Enfin, cuisiner frais et maison demande plus de temps et la consommation de viande va plus loin que simplement le goût ou le plaisir.
La transition alimentaire repose aussi sur l’innovation pour répondre à tous ces nouveaux enjeux. Les challenges marketing sont nombreux, entre nouvelles demandes, nouveaux produits, nouveaux ingrédients, etc. Il s’agit d’imaginer des solutions vertueuses pour développer ses parts des marchés ou conserver des rendements agricoles optimum.
Entre start-ups et acteurs historiques, le champ des recherches est vaste : fermes verticales, protéines alternatives, transformation d’insectes en nourriture animale, culture hydroponique, optimisation des flux logistiques, utilisation de nouveaux ingrédients comme les algues, analyse de microbiote et alimentation personnalisée, etc.
L’industrie agroalimentaire doit continuer à proposer des produits goûteux, qui plaisent au plus grand nombre et qui sont produits de manière responsable et « cuisinés maison ». Aussi, pour réussir leur transition alimentaire, les entreprises doivent donner une large place à l’innovation et faire évoluer les équipes ensemble vers la même direction pour une croissance réussie… dans le respect du vivant et de l’environnement.
ACT food et les 5 centres techniques agroalimentaires accompagnent les industriels de l’alimentation dans leur démarche de transition alimentaire. Avec le DIAg, application administrée par nos équipes, nous vous aidons à établir la photographie de votre entreprise à un instant T, sur la démarche et le positionnement en termes de transition alimentaire et de développement durable (sourcing matières premières, transformation, RSE, etc.).