L’emballage pour les industries agroalimentaires touche à la fois à des aspects de sécurité des aliments, de qualité et conservation des produits, de conformité réglementaire, de marketing, de durabilité ou d’efficacité opérationnelle (industrielle, logistique). Mais, entre les demandes de praticité des consommateurs, les exigences réglementaires et les enjeux de réduction des impacts environnementaux, ses défis sont devenus plus larges. Faisons le point avec Émeline Douay, cheffe de projets emballages à l’ADRIA.
Les emballages ne sont qu’une partie d’un système complet « produit emballé » mais ils deviennent particulièrement visibles lorsque le produit a été consommé ou utilisé. Car ils ne remplissent alors plus de fonctions (conservation, protection, information, etc.) et passent au statut de déchet. Or, les quantités de déchets augmentent tous les ans et occasionnent de plus en plus d’enjeux sur le prélèvement des ressources et leur traitement en fin de vie.
L’emballage s’intègre donc pleinement dans les transitions environnementales globales et les autorités ont pris des mesures réglementaires fixant des objectifs incitatifs, en particulier la loi AGEC en France et le règlement PPWR en Europe*.
Cela ajoute une telle complexité au travail des responsables emballages des entreprises, pour qui il devient nécessaire de s’appuyer sur des experts spécialisés afin s’assurer d’être en conformité.
Les industriels vont pouvoir diminuer l’impact de leurs emballages en intégrant les outils et les méthodologies d’écoconception que l’on peut résumer rapidement par la démarche 3R : Réduire (voire renoncer), Réemployer et Recycler (et intégrer du recyclé). Sans oublier de travailler sur l’origine de la matière.
Ce travail se réalise sur le système complet « produit emballé et transporté » pour ne pas réaliser de transfert d’impacts. L’objectif est alors d’atteindre des emballages raisonnés et raisonnables, non sur-fonctionnalisés. Ce qu’on appelle « le juste emballage ».
De plus, en parlant de recyclage, la réglementation fixe des échéances pour lesquelles les matériaux d’emballages devront obligatoirement intégrer une filière de recyclage. Et, dans une logique d’économie circulaire, un travail est demandé sur la suppression des éléments qui viennent perturber le recyclage et une réincorporation de la matière dans un nouvel emballage ou un autre débouché.
Il y a aussi la notion de réemploi qui prend de plus en plus d’importance. Il s’agit de pouvoir utiliser plusieurs fois un emballage en le lavant, en le réutilisant et en le remplissant soit chez le consommateur, soit en circuit industriel. On fait alors des « boucles d’économie circulaire » par ce biais, sans passer tout de suite par la case déchet. Ce n’est qu’une fois usé qu’il ira au recyclage. Ces deux notions sont donc parfaitement complémentaires.
Oui, tout à fait. Si beaucoup d’emballages ont un potentiel de réemploi, que ce soit au niveau de l’emballage consommateur ou de l’emballage logistique, tous les produits et tous les secteurs ne s’y prêtent pas de la même façon. Les secteurs de la restauration et des boissons sont en première ligne, l’épicerie et la boulangerie pâtisserie en seconde**.
Ensuite, les caractéristiques techniques de l’emballage seront potentiellement à adapter. Premièrement, il s’agit de mettre en adéquation le niveau de résistance mécanique au nombre de boucles de transport-lavage-remplissage souhaité. Ensuite, il faut adapter la forme et la matière pour garantir un niveau de qualité hygiénique et d’innocuité chimique aussi élevés qu’avec un emballage neuf.
Aujourd’hui, à l’ADRIA, nous réalisons des protocoles de qualification de la décontamination sur des emballages ré-employables en verre et en plastique (et demain en métal), en partenariat avec des industriels et des acteurs de lavage. Mais sur ces questions du réemploi, nous n’en sommes encore qu’aux prémices du passage à une plus grande échelle. Outre les conditions techniques indispensables, les questions logistiques et financières restent en développement. Pour les aborder, il faut clairement passer par une transition collective et générer un certain volume. Ce qui engendrera alors plus facilement la viabilité économique du concept.
Les emballages biosourcés sont une option intéressante concernant l’origine de la matière et la réduction de l’utilisation des composants fossiles. En effet, on va utiliser des matières renouvelables rapidement ou des coproduits issus d’autres industries pour ne pas concurrencer l’agriculture. Leur approvisionnement se fait souvent à l’échelle locale, ce qui leur donne un intérêt supplémentaire. Néanmoins, ces nouveaux matériaux ne rentrent pas toujours dans des filières existantes de collecte et recyclage. Et, comme nous l’avons précisé, l’emballage va devoir être recyclable.
Cela peut donc bloquer leur développement et c’est ce qui freine en particulier les industriels français aujourd’hui sur ce sujet. Mais le sujet suscite un véritable intérêt au niveau européen et mondial et nous sommes optimistes quant leur évolution future.
L’ADRIA joue un rôle d’accompagnateur et de facilitateur pour les industriels. Elle leur permet de mener à bien leurs projets d’innovation ou d’optimisation emballage grâce à un accompagnement technique et/ou réglementaire, ainsi qu’un suivi du vieillissement du produit. Elle offre également la possibilité de monter en compétences sur l’emballage avec des webinaires, des formations ou des journées thématiques. Enfin, nous les aidons à anticiper les tendances, les évolutions techniques ou les innovations des fabricants.
De plus, l’ADRIA détient le réseau Breizpack, réseau des fabricants d’emballages bretons qui rend visible via son annuaire tous les industriels de la région présents à la fois sur les parties fabrication, matériaux, négoce, machines de conditionnement ou prestations de service. Le rôle de ce réseau est de recenser, d’animer les partenaires du territoire, de les mettre en relation entre eux et avec les industriels de l’agroalimentaire (mais toutes les industries sont concernées). Ces mises en relation favorisent à la fois des projets communs de R&D qui permettent de développer l’innovation et un approvisionnement de proximité. C’est toute la force des partenariats au cœur du territoire breton.
ACT food et les cinq centres techniques présentent l’offre la plus riche en Bretagne, en matière de conseil et de développement dans plusieurs domaines pour l’agroalimentaire. Spécialisés chacun dans leur domaine spécifique, ils vous proposent une véritable complémentarité dans leurs compétences. Ils sont à vos côtés pour toute question touchant l’emballage et mettent à votre disposition leurs compétences adaptées en fonction de vos spécificités.
Et, au-delà, de leurs expertises, ils se rencontrent, échangent et partagent leurs connaissances et leurs informations. Un véritable maillage pour le plus grand bénéfice de tous les clients.
* Le futur règlement PPWR (Proposal Packaging and Packaging Waste) adopté par le Parlement européen en novembre 2023 fixe notamment des objectifs globaux de réduction des emballages à différentes échéances : 5 % d’ici 2030, 10 % d’ici 2035 et 15 % d’ici 2040. Pour les emballages plastiques spécifiquement, les objectifs sont rehaussés : 10 % d’ici 2030, 15 % d’ici 2035 et 20 % d’ici 2040.
** Cf. étude de l’ADEME – Potentiels de développement du réemploi des emballages par secteur (septembre 2023).
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